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Direction et fonctionnement de l’école :Un bilan d’étape

Sur cette question le piétinement semble être le maître mot. En remontant dans nos archives aux années 95-96 on retrouve quasiment inchangées les mêmes données, les mêmes problématiques, les mêmes attitudes syndicales et ministérielles et, hélas les mêmes impasses.

1) Un dossier ardu

Cette question fait du surplace pour plusieurs raisons.

La complexité : améliorer durablement la direction d’école implique de traiter aussi du fonctionnement de l’école, des relations avec les communes ou leurs groupements, de la place des parents... bref, la question de la direction cristallise toutes les interrogations sur la place et le rôle de l’école primaire dans le paysage éducatif. Les mesures partielles acquises depuis 10 ans (abaissement du seuil des décharges, améliorations indiciaires, facilitations d’accès à la fonction, meilleure formation initiale) ont au mieux calmé le jeu quelques mois avant que les revendications ne flambent à nouveau.

Le surinvestissement : depuis le rejet massif en 87 du projet des maîtres-directeurs toute tentative de responsabilisation accrue dans l’école est lue comme un renchérissement des fonctions hiérarchiques, et rejetée comme tel. Tous les acteurs de l’école demandent que le ministère traite le problème, mais toute proposition est immédiatement suspectée. De plus la non entente syndicale persiste.

L’incapacité d’innover : bloqués par les enjeux et la passion des intéressés les acteurs de l’école ne se pressent pas pour creuser les questions du fonctionnement de l’école, de la place et du rôle du directeur, de celle des adjoints.

L’aspect financier : dernière raison enfin et d’importance, la somme potentiellement énorme de l’effort financier nécessaire. les dernières propositions indiciaires proposées par le ministère nécessitaient une enveloppe de 12 millions d’euros, et elles ont été rejetées massivement comme une aumône dérisoire ! Si l’on ajoute le coût d’une décharge généralisée à toutes les écoles et celui d’agents administratifs même à temps partiels, on aboutit à des sommes considérables qui ne peuvent qu’être étalées dans le temps.

2) Des tentatives fragmentaires

Les derniers ministères ont tenté, avec des succès divers de traiter la question.

Allègre et Lang : quelques avancées ont été obtenues :

- une revalorisation indemnitaire, assez forte pour les plus petites écoles puisque l’ISS (indemnité de sujétion spéciale) est passée à un taux uniforme ;

- une facilitation administrative : l’accès aux fonctions de directeur a été rendu plus facile ;

- une formation initiale plus longue : malgré le délabrement de la formation continue les stages de directeur sont à peu près épargnés et se déroulent sur 3 semaines avant la prise de fonction et 2 semaines après la 2e année.

Ferry, Darcos : tentative de mise en réseau. Malgré quelques aspects positifs (établissement d’un schéma territorial, réseaux d’écoles dispersées) la volonté de ne rien retrancher, de surajouter une nouvelle structure, les relations ambiguës avec les collectivités locales aboutissaient à une structure alambiquée. Ces réseaux, à peine esquissés ça et là, ne sont plus à l’ordre du jour.

Fillon : propositions indemnitaires rejetées. Promesse d’achèvement des décharges des écoles de 5 classes. Affirmation répétée que les écoles inférieures à 5 classes ne seraient pas déchargées.

3) La situation actuelle

La réunion du 12 avril a constaté l’impasse. Les propositions ministérielles sont considérées comme insuffisantes ; les organisations syndicales attendent de nouvelles propositions, qui ne viendront pas forcément.

Le ministère souhaiterait entrer en discussion, sans engagement de sa part, sur les missions des directeurs, ce que les syndicats refusent : des négociations ne pourraient s’engager que sur un contenu précisé, incluant la question du temps de décharge.

Pour que cette question puisse évoluer favorablement il serait nécessaire que le rapport de force soit bien meilleur qu’il ne l’est actuellement et que les organisations syndicales puissent dépasser leur tronc commun revendicatif (à savoir du temps, des indemnités, de l'aide en personnel administratif) en approfondissant la partie "fonctionnement de l'école".

C’est pour essayer d’avancer sur une vision plus fonctionnelle de la direction d’école que le Sgen-CFDT a souhaité un travail intersyndical. la consultation des enseignants se situe dans ce cadre et seul le SNUIPP a accepté de préciser quelques principes d’action :

- ne pas engager d’action renforçant la coupure directeur/adjoint mais au contraire rechercher une mobilisation plus large ;

- considérer la direction comme un point de cristallisation des dysfonctionnements de l’école ;

- considérer les questions de temps, d’indemnités, d’aide, comme nécessaires mais non suffisantes pour construire une réponse satisfaisante.

4) La consultation

Le Sgen-CFDT est conscient de son imperfection tant sur la forme que sur le fond. Les réponses ne constituent pas un sondage, ni un échantillon représentatif, et son contenu est limité à une appréciation ponctuelle.

Malgré tout le succès était inattendu : plus de 3000 réponses avant le 12 avril, plus de 5000 à ce jour. Des réponses “ sincères

” dans leur immense majorité, c’est-à-dire non dictée par une tentation de lobbying, et des questions ouvertes très souvent argumentées. 70 % des réponses émanent de directeurs. Le rejet des propositions ministérielles est sans appel (plus de 90 % considèrent les propositions comme insuffisantes ou inacceptables. La trilogie gagnante des sujets à traiter en priorité est : temps, indemnités, statut.

 

5) L’avenir immédiat

Les possibilités d’évolution positives sont très limitées. Il est illusoire de penser qu’un conflit qui dure depuis si longtemps trouve une solution rapide.

Le ministère peut décider d’une augmentation unilatérale des indemnités. C’est peu probable et peu efficace. Il peut aussi laisser agir quelques parlementaires et pondre un décret qui aurait fonction de “baume adoucissant” mais qui, derrière les révérences faites aux “ nobles missions des directeurs ”, ne changerait guère les données actuelles.

Le Sgen-CFDT propose à ses partenaires un groupe de travail intersyndical pour:

- établir si possible une vision commune de la direction d’école ;

- donner des objectifs précis à une campagne revendicative;

- voir comment, susciter l’intérêt et le soutien d’abord des catégories autres que les directeurs, puis, au delà des enseignants, des parents et des autres partenaires.

La permanence des problèmes, le retour régulier des mêmes revendications et des mêmes insatisfactions pourraient faire croire que l’on peut sans risques clore le chapitre actuel et attendre le prochain cycle. Le ministère lui n’a plus rien à perdre, n’ayant conservé qu’un crédit très limité, mais l’exaspération croît, et la crédibilité des organisations représentatives peut en souffrir. Le Sgen-CFDT fera tout ce qu’il peut pour donner à la revendication quelques chances de succès.